Objectif de cet atelier pratique :
- prise en main des commandes de pagination
more
etless
Gérer l’affichage de fichiers longs
L’utilitaire cat
convient parfaitement pour afficher le contenu de fichiers courts. À titre d’exemple, utilisez-le pour visualiser des fichiers de configuration comme /etc/hostname
, /etc/hosts
, /etc/resolv.conf
ou /etc/fstab
:
Pour l’instant, ne tenez pas compte du fait que vous ne comprenez pas grand-chose au contenu quelque peu énigmatique de ces fichiers. Nous en éluciderons la signification en temps et en heure.
- Pour des fichiers dont l’affichage dépasse la taille d’un écran, comme dans l’exemple avec
/proc/cpuinfo
, on peut très bien revenir en arrière (ou en avant) avec la combinaison de touches Maj+FlècheHaut (ou Maj+FlècheBas). - Si l’on est connecté depuis un terminal graphique, il est possible d’utiliser la barre de défilement ou la molette de la souris.
Dans votre terminal, affichez le fichier /etc/DIR_COLORS
à l’aide de cat
. L’affichage dépasse la taille de votre fenêtre. Revenez en arrière en utilisant la combinaison de touches indiquée :
$ cat /etc/DIR_COLORS
Pour un fichier comme /etc/DIR_COLORS
, cette manière de procéder est tout à fait valable. Dans d’autres cas, il faudra procéder différemment. Voyez vous-même pourquoi :
$ cat /etc/services ... cora-disc 19220/udp # Discovery for Client Connection ... Service cora 19220/tcp # Client Connection Mgmt/Data Exchange Service aigairserver 21221/tcp # Services for Air Server ka-kdp 31016/udp # Kollective Agent Kollective Delivery ka-sddp 31016/tcp # Kollective Agent Secure Distributed Delivery edi_service 34567/udp # dhanalakshmi.org EDI Service axio-disc 35100/tcp # Axiomatic discovery protocol axio-disc 35100/udp # Axiomatic discovery protocol pmwebapi 44323/tcp # Performance Co-Pilot client HTTP API cloudcheck-ping 45514/udp # ASSIA CloudCheck WiFi Management keepalive cloudcheck 45514/tcp # ASSIA CloudCheck WiFi Management System spremotetablet 46998/tcp # Capture handwritten signatures
Essayez de remonter au début du fichier, jusqu’à ce que vous aperceviez la ligne contenant l’invite de commande. Vous n’en voyez pas la fin (ou plutôt le début). C’est normal : le fichier en question compte plus de 11000 lignes. Sa longueur pose un problème dans le sens où nous arrivons aux limites de :
- la patience de l’utilisateur qui n’en peut plus d’appuyer sur Maj+FlècheHaut ;
- la mémoire d’affichage de la console, qui ne conserve qu’un nombre limité de caractères : au-delà, il n’est plus possible de remonter davantage pour voir le début du fichier.
Visualiser avec more
Bien sûr, nous pourrions décider d’ouvrir avec un éditeur de texte simple tous ces fichiers dont l’affichage dépasse la taille d’un écran. Avec un système Linux, si nous souhaitons seulement voir le contenu d’un certain fichier de configuration sans toutefois l’éditer, nous aurons d’abord le réflexe d’utiliser un pager. Le terme anglais a été francisé en « logiciel de pagination », « logiciel de visualisation » ou « pageur » pour faire plus court. En voici un :
$ more /etc/DIR_COLORS
Le visualiseur more
affiche le fichier spécifié en argument en remplissant exactement un écran, puis il s’arrête. Pour voir le reste du fichier, vous avez le choix entre :
- appuyer sur Entrée pour avancer ligne par ligne ;
- utiliser la touche Espace pour progresser page par page ;
- appuyer sur Q (comme quit ou « quitter ») pour sortir du mode de visualisation.
Dès que more
est arrivé à la fin du fichier, il considère qu’il a terminé son travail. L’invite de commande réapparaît et le clignotement du curseur vous indique que vous pouvez continuer de travailler normalement dans la console.
Essayez more
sur un fichier plus long :
$ more /etc/services
Les anciennes versions de more
ne permettaient pas de revenir en arrière, ce qui ne facilitait pas la recherche dans un fichier un peu plus volumineux. Les versions plus récentes (comme celle incluse dans notre installation de Rocky Linux) ont ajouté cette fonctionnalité : la touche B (back) sert à « feuilleter » le fichier page par page en sens inverse. Toutefois, il faudra bien se résoudre à admettre que more
fait partie de la poignée d’utilitaires un peu obtus du monde Linux et qu’il n’est pas vraiment confortable à utiliser.
Less is more : moins, c’est plus !
C’est là que less
entre en jeu. C’est un autre logiciel de pagination, dont le but déclaré est de fournir un remplaçant confortable à more
. Son nom est un clin d’œil ironique à la devise less is more, la version anglaise de la tournure « ce n’est pas la peine d’en rajouter ». Prenez cette boutade au pied de la lettre et vous devinerez qu’effectivement, less
= more
.
$ less /etc/services
Vous constatez que less
vous laisse naviguer exactement comme more
. La touche Entrée sert à avancer d’une ligne, les touches Espace et B permettent de feuilleter le fichier dans un sens et dans l’autre, Q interrompt la pagination et fait réapparaître l’invite de commande. Cependant, ce n’est pas tout.
- À la différence de
more
,less
ne quitte pas le mode de pagination lorsqu’il arrive à la fin du fichier, ce qui évite les manipulations énervantes du style « retour à la case départ ». - Les touches directionnelles du clavier FlècheHaut et FlècheBas permettent également de naviguer dans le fichier. Non content de cela, FlècheGauche et FlècheDroite vous déplacent latéralement dans un fichier dont la largeur dépasse celle de l’écran. Essayez.
- Il arrive très souvent que l’on ouvre un fichier de configuration à la recherche d’une certaine chaîne de caractères. Lorsque le fichier compte plusieurs milliers de lignes, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Pour remédier à cela,
less
inclut une fonction de recherche simple. Pour exemple, ouvrez le fichier/etc/passwd
avecless
, appuyez sur la barre oblique/
et faites-la suivre de la chaîne de caractères que vous cherchez, par exemplenologin
ou votre nom d’utilisateur (microlinux
). Vous remarquez queless
vous affiche toutes les occurrences trouvées en surbrillance. Utilisez la touche N (next = prochain) pour sauter d’occurrence en occurrence et Maj+N pour faire la même chose en sens inverse.
less
et more
sont deux logiciels de visualisation non destructifs, c’est-à-dire qu’ils ne modifient en aucune manière le contenu des fichiers sur lesquels vous les appliquez. Leur utilisation se limite au seul format texte simple. Étant donné que, dans un système Linux, toute la configuration est contenue dans des fichiers de ce format, nous constaterons bientôt qu’il s’agit d’outils fort pratiques pour l’administration de notre machine.
Lire la suite : Créer : touch
et mkdir
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