Droits d'accèsObjectif de cet atelier pratique :

  • gérer les accès aux fichiers et aux répertoires sous Linux

Une fois que les utilisateurs du système sont mis en place, la question des droits d’accès se pose. Définir des permissions saines pour les utilisateurs et leur assurer un minimum de confidentialité, c’est le B.A.-ba de la sécurité.

Qui a le droit de faire quoi ?

Dans l’atelier pratique sur la gestion des utilisateurs, nous avons comparé un système multi-utilisateurs au fonctionnement d’une grande entreprise. Chaque employé possède son badge qui lui donne accès aux locaux de l’entreprise. Il a son bureau où il range ses affaires, éventuellement aussi son casier personnel. En principe, les employés partagent les ressources de l’entreprise, ce qui ne veut pas forcément dire que tous les employés ont accès aux mêmes ressources. Beaucoup disposent de leur propre bureau individuel, d’autres travaillent en équipe dans de grandes pièces spacieuses, où l’accès aux ordinateurs, aux photocopieuses et aux documents est ouvert à tous les membres de l’équipe. Quelques rares privilégiés ont un accès plus large : l’agent de sécurité, le PDG ou le DRH. La métaphore peut ainsi être tressée et affinée, mais vous avez compris le principe sous-jacent.

Considérons l’exemple suivant :

  • Le système compte trois utilisateurs : lyacoub, jmortreux et microlinux. Supprimez tous les autres utilisateurs que vous avez pu créer jusqu’ici.
  • Chaque utilisateur dispose de son propre répertoire (~) :
$ ls /home/
jmortreux  lyacoub  microlinux
  • Chacun va ranger ses données personnelles dans son répertoire utilisateur. Dans l’exemple, chacun disposera d’un document « confidentiel » confectionné comme suit par exemple :
$ mkdir ~/Documents
$ cat > ~/Documents/Confidentiel.txt << EOF 
> Ce document est confidentiel.
> Personne d'autre que moi ne doit pouvoir le lire.
> EOF

Au total, les répertoires utilisateur ressembleront donc à peu de chose près à ceci :

$ sudo tree /home/
/home/
├── jmortreux
│   └── Documents
│       └── Confidentiel.txt
├── lyacoub
│   └── Documents
│       └── Confidentiel.txt
└── microlinux
    └── Documents
        └── Confidentiel.txt

6 directories, 3 files

Qui a accès à quoi là-dedans ? Est-ce que jmortreux pourra lire le fichier Confidentiel.txt de lyacoub ? Est-ce que celle-ci pourra modifier le fichier Confidentiel.txt de microlinux ? En effet, il ne suffit pas que chaque utilisateur dispose de son propre répertoire au-dessous de /home. Aussi faut-il que ses données soient à l’abri des autres utilisateurs de la machine.

Un exemple pratique

Les nouveaux utilisateurs de Linux sont souvent intimidés par les questions de permissions et de droits d’accès, qu’ils perçoivent comme une nébuleuse complexe et impressionnante. Ici comme ailleurs, je vous propose de rester fidèle à la devise du grand neurologue français Charcot :

La théorie, c’est bon, mais ça n’empêche pas d’exister.

Pour commencer, créez un fichier droits.txt dans votre répertoire utilisateur :

$ cat > droits.txt << EOF 
> echo "Voici la date : "
> date
> EOF

InfoBien évidemment, rien ne vous empêche de créer et d’éditer ce fichier avec Vim ou Nano.

$ cat droits.txt
echo "Voici la date : "
date

Comprendre les permissions dans l’affichage détaillé

Vous voilà donc avec votre fichier droits.txt. Qui en est le propriétaire ? Qui peut faire quoi avec ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’on peut bien faire avec un fichier ? En lire le contenu ? Le modifier ? L’effacer ? Et puis quoi encore ?

$ ls -l droits.txt 
-rw-rw-r--. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Dans la partie droite de cet affichage détaillé, vous avez :

  • le nom du fichier : droits.txt
  • sa date de création : le 5 septembre à 7h54
  • sa taille : 29 octets

Si vous ne tenez pas compte du 1 dans la deuxième colonne (oubliez-le pour l’instant), la partie gauche est réservée aux droits d’accès du fichier.

Nous avons vu, dans l’atelier pratique sur la navigation dans la console, comment décrypter sommairement la suite de dix caractères dans la première colonne. Le moment est venu de nous y intéresser d’un peu plus près.

  • Le tout premier caractère, c’est-à-dire le tiret - initial de la suite -rw-rw-r--, nous indique tout simplement qu’il s’agit d’un fichier.
  • Les neuf caractères subséquents rw-rw-r-- se décomposent en une série de trois fois trois caractères, respectivement rw-, rw- et r--.
  • Les caractères r, w, x et - symbolisent ce que l’on a le droit de faire avec le fichier : lire (r comme read), écrire (w comme write), exécuter (x comme e[x]ecute) ou… rien du tout (- comme « que dalle »).
  • La première suite de trois caractères (rw-) concerne le propriétaire du fichier.
  • La deuxième (rw-) concerne le groupe.
  • La troisième (r--) définit les droits de tous les autres utilisateurs.
  • Le propriétaire du fichier est désigné dans la troisième colonne : microlinux.
  • La quatrième colonne donne le groupe du fichier : microlinux.

Notre affichage signifie donc : « Le fichier droits.txt appartient à l’utilisateur microlinux et au groupe microlinux. Le propriétaire du fichier et les membres du groupe ont le droit de le lire et de le modifier (rw-). Tous les autres ont seulement le droit de le lire (r--). »

InfoCertaines distributions comme Red Hat Enterprise Linux, Rocky Linux, Oracle Linux, Fedora, Debian et Ubuntu créent un groupe du même nom pour chaque utilisateur, dont l’utilisateur est le seul membre par défaut. D’autres distributions comme Slackware ou SUSE rangent tous les utilisateurs dans un groupe users. Ainsi, lors de la création d’un fichier, son propriétaire sera toujours l’utilisateur, mais le fichier appartient au groupe users.

Dans tous les cas, les droits d’accès concernent trois classes d’utilisateurs :

  • le propriétaire du fichier (user : u)
  • le groupe (group : g)
  • le reste du monde, les autres (others : o)

Rendre un fichier exécutable

Peut-être vous en êtes-vous déjà vaguement douté, mais notre fichier droits.txt contient du code exécutable. C’est un programme, eh oui ! Un script, plus exactement. Alors comment l’exécuter ?

Dans un premier temps, nous allons définir des droits d’exécution pour le propriétaire du fichier :

$ chmod u+x droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rwxrw-r--. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Les droits concernant le propriétaire sont passés de rw- à rwx, qui signifie : « L’utilisateur microlinux a le droit de lire ce fichier, le modifier ou l’effacer, mais aussi l’exécuter. » Et c’est ce que nous allons faire :

$ ./droits.txt 
Voici la date : 
Tue Sep  6 07:55:42 CEST 2022

À la différence de Windows, la possibilité d’exécuter un fichier n’est aucunement liée à un quelconque suffixe comme .EXE ou .COM. Sous Linux, cette caractéristique est essentiellement liée au système de droits d’accès.

Vous voyez que les membres du groupe microlinux ont le droit de lire et de modifier ce fichier (rw-) et que tous les autres ont seulement le droit de le lire (r--). Comment empêcher complètement ces derniers d’accéder à mon fichier ? Tout simplement avec la commande suivante :

$ chmod go-rw droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rwx------. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Effectivement, les classes d’utilisateurs group (g) et others (o) n’ont plus le droit de rien faire, comme le montre le ------ final.

Un système Linux permet d’attribuer des droits d’accès aux fichiers avec une précision quasi-chirurgicale.

Ajouter et retirer les droits de lecture et d’écriture

Donnons maintenant le droit à tout le monde (a comme all) de lire le fichier :

$ chmod a+r droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rwxr--r--. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Ici, les trois classes d’utilisateurs (user, group et others) obtiennent des droits de lecture.

De façon analogue, pour retirer les droits de lecture au groupe et aux autres, il suffit d’invoquer la commande suivante :

$ chmod g-r,o-r droits.txt

Ou, plus simplement :

$ chmod go-r droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rwx------. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

La méthode directive

Dans les exemples jusqu’ici, nous avons vu deux approches dans la définition des droits :

  • une méthode additive, qui ajoute des droits à certaines catégories d’utilisateurs
  • une méthode soustractive, qui retire des droits à certaines catégories d’utilisateurs.

En dehors de ces deux approches, la méthode directive définit des droits très précis pour chaque classe d’utilisateurs. Ainsi, la commande suivante donne tous les droits au seul propriétaire :

$ chmod u=rwx,g=,o= droits.txt

Et si je veux rétablir les permissions initiales de mon fichier en utilisant la méthode directive, voici comment je dois m’y prendre :

$ chmod u=rw,g=rw,o=r droits.txt

Une autre approche : la notation numérique

À côté de la « notation ugo » (user, group, others), il existe une autre façon de définir les droits d’accès des fichiers et des répertoires. Si je vous la montre, ce n’est pas pour compliquer les choses, mais parce qu’elle est également très répandue et que vous risquez de tomber dessus un jour ou l’autre : je parle de la notation numérique.

Nous avons vu qu’il existe trois catégories d’utilisateurs, qui peuvent bénéficier de trois droits d’accès différents :

user group others
rwx rwx rwx

Maintenant, affectons à chacun de ces droits une valeur numérique :

Permission Valeur numérique
r (read, lecture) 4
w (write, écriture) 2
x (e[x]ecute, exécution) 1

Il suffit alors d’additionner les valeurs respectives de ces droits pour les définir. Prenons quelques exemples.

Attribuer tous les droits à tout le monde

Donnons des droits de lecture, d’écriture et d’exécution pour tout le monde :

  • utilisateur : 4 (lecture) + 2 (écriture) + 1 (exécution) = 7
  • groupe : 4 (lecture) + 2 (écriture) + 1 (exécution) = 7
  • autres : 4 (lecture) + 2 (écriture) + 1 (exécution) = 7

En pratique, cela donne :

$ chmod 777 droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rwxrwxrwx. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Retirer et ajouter des droits

Maintenant, laissons à l’utilisateur le droit de lire et d’écrire, en retirant tous les droits aux autres :

  • utilisateur : 4 (lecture) + 2 (écriture) + 0 (exécution) = 6
  • groupe : 0 (lecture) + 0 (écriture) + 0 (exécution) = 0
  • autres : 0 (lecture) + 0 (écriture) + 0 (exécution) = 0
$ chmod 600 droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rw-------. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Essayons autre chose : l’utilisateur a le droit de lire et d’écrire, le groupe et tous les autres ont seulement celui de lire :

  • utilisateur : 4 (lecture) + 2 (écriture) + 0 (exécution) = 6
  • groupe : 4 (lecture) + 0 (écriture) + 0 (exécution) = 4
  • autres : 4 (lecture) + 0 (écriture) + 0 (exécution) = 4
$ chmod 644 droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rw-r--r--. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Les deux modes de notation sont strictement équivalents. Autrement dit, le dernier exemple aurait très bien pu être défini ainsi :

$ chmod u=rw,go=r droits.txt
$ ls -l droits.txt
-rw-r--r--. 1 microlinux microlinux 29 Sep  5 07:54 droits.txt

Notez là encore la contraction de g=r,o=r en go=r.

Il n’est peut-être pas inutile de dresser un petit tableau récapitulatif de toutes les combinaisons de droits possibles (en notation rwx ou numérique), étant donné qu’il n’y en a pas un nombre infini. Huit au total, pour être précis :

Permission Valeur numérique
--- 0
--x 1
-w- 2
-wx 3 = 2+1
r-- 4
r-x 5 = 4+1
rw- 6 = 4+2
rwx 7 = 4+2+1

InfoEn règle générale, les administrateurs Unix chevronnés ainsi que les frimeurs ont tendance à préférer cette dernière méthode, étant donné qu’elle est plus « obscure ». Pour ma part, j’ai décidé de vous montrer les deux manières de faire, car vous risquez de les rencontrer l’une comme l’autre dans des pages de documentation. Après, je vous conseille tout simplement d’utiliser celle qui vous convient le mieux.

Les permissions par défaut : umask

Vous vous êtes peut-être demandé d’où viennent les droits initiaux des fichiers.

Créons un fichier :

$ touch droits2.txt
$ ls -l droits2.txt
-rw-rw-r--. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:15 droits2.txt

Je vois que droits2.txt est créé d’emblée avec une structure rw-rw-r--. Qui ou quoi décide des permissions pour les fichiers nouvellement créés ?

Il faut savoir que, sur un système Linux, il n’est pas possible de créer un fichier qui possède d’emblée les droits d’exécution. Cela signifie que les permissions maximales que je peux obtenir pour un fichier nouvellement créé, c’est rw-rw-rw-, autrement dit 666. Diable !

Or, si je regarde de plus près mon fichier droits2.txt, il est affublé d’une structure de droits rw-rw-r--, c’est-à-dire 664 en notation numérique. Si je pars du principe que mes droits pléniers s’élèvent à 666 et que je dispose de 664, j’en conclus maussadement que je me suis fait gruger de 002 au passage.

Le responsable de cette restriction se nomme umask. Le seul rôle de ce réglage est de soustraire des droits lors de la création de fichiers.

$ umask
0002

Il est toutefois possible de le changer :

$ umask 0022

Pourquoi la valeur de umask comporte-t-elle quatre chiffres alors que je n’en ai évoqué que trois ? Nous occuper du premier nous mènerait trop loin pour un atelier d’introduction. Sachez donc qu’il y a quatre positions à définir en tout, mais que pour le moment, nous ne nous occuperons pas de la première. En revanche, on peut effectivement écrire umask 002 dans la commande, au lieu de 0002, pour le même résultat.

La conséquence de cette redéfinition est immédiate. En effet, lorsque je crée un nouveau fichier avec un umask de 0022, ses droits par défaut sont désormais de 644 :

$ touch droits3.txt
$ ls -l droits3.txt
-rw-r--r--. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:18 droits3.txt

Maintenant, soyons carrément permissifs :

$ umask 0000
$ touch droits4.txt
$ ls -l droits4.txt
-rw-rw-rw-. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:19 droits4.txt

Le fichier droits4.txt a les droits en lecture et écriture pour tout le monde, ce qui est le maximum possible à la création.

La valeur de umask est redéfinie à chaque fois que vous vous connectez à la machine.

InfoJetez un œil dans le fichier /etc/profile, aux alentours de la ligne 55. Je ne vous demande pas de lire ce genre de fichier comme la page des actualités locales du Midi Libre. Sachez juste que c’est là qu’est définie la valeur par défaut de umask.

Gérer les droits d’accès aux répertoires

Depuis le début de cette section, nous avons essentiellement manipulé des fichiers. Qu’en est-il des répertoires ? Eh bien, voyons par nous-mêmes.

Avant de faire quoi que ce soit, assurez-vous de ne pas être root et de redéfinir votre umask d’utilisateur à 0002. Dans le doute, déconnectez-vous de votre session et reconnectez-vous.

Dans un précédent exercice, nous avons créé un répertoire test. S’il est encore présent dans votre répertoire d’utilisateur, effacez-le :

$ rm -rf test/

Maintenant, recréez-le et affichez ses propriétés détaillées :

$ mkdir test
$ ls -ld test/
drwxrwxr-x. 2 microlinux microlinux 6 Sep  6 09:23 test/

Tiens ! Contrairement à ce que j’ai pu énoncer plus haut, les droits d’exécution sont bel et bien définis d’emblée. Non content de cela, ils sont définis pour tout le monde !

Remarquez au passage que, comme il s’agit cette fois d’un répertoire, le premier caractère est un d (directory) au lieu du tiret - qui représente un fichier.

L’explication pour cette anomalie apparente est simple, car les droits d’exécution n’ont pas la même signification pour un répertoire que pour un fichier. À y regarder de près, c’est même normal, car cela n’a pas de sens de vouloir « exécuter un répertoire ». Le x ici signifie simplement qu’on a le droit de se placer dans le répertoire avec la commande cd et d’en afficher le contenu.

Faisons la preuve par l’exemple pour nous en assurer. Dans ce répertoire test, créons trois fichiers fichier1, fichier2 et fichier3, puis revenons au point de départ :

$ cd test/
$ touch fichier1 fichier2 fichier3
$ ls -l
total 0
-rw-rw-r--. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:25 fichier1
-rw-rw-r--. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:25 fichier2
-rw-rw-r--. 1 microlinux microlinux 0 Sep  6 09:25 fichier3
$ cd ..

InfoNous aurions pu créer nos trois fichiers avec la commande touch fichier{1,2,3}.

À partir du répertoire d’utilisateur, nous pouvons très bien afficher le contenu de test, grâce à un simple ls test ou ls -l test, et y revenir en invoquant un simple cd test.

Maintenant, retirons les droits d’exécution au répertoire, pour tout le monde tant que nous y sommes. Nous avons donc le choix :

$ chmod a-x test/

Ou, en utilisant la notation numérique :

$ chmod 664 test/

Dans un cas comme dans l’autre, voici ce que nous obtenons :

$ ls -ld test/
drw-rw-r--. 2 microlinux microlinux 54 Sep  6 09:25 test/

Voyons ce que cette dernière opération a eu comme incidence sur l’accès au répertoire :

$ cd test/
-bash: cd: test/: Permission denied

Dans ce cas, pouvons-nous au moins en afficher le contenu de l’extérieur ? L’entrée est bloquée, mais essayons de nous hisser sur la pointe des pieds et de jeter un œil curieux par-dessus le mur. Est-ce que nous voyons quelque chose ?

$ ls -l test/
...
total 0
-????????? ? ? ? ? ? fichier1
-????????? ? ? ? ? ? fichier2
-????????? ? ? ? ? ? fichier3

Oui, mais non. Pas vraiment. Tout ce que nous devinons, c’est que ce répertoire contient trois fichiers fichier1, fichier2 et fichier3. Quant à obtenir des informations détaillées, il n’en est pas question.

Allons plus loin dans le verrouillage et ôtons les droits de lecture au répertoire. Là encore, mettons tout le monde à la même enseigne :

$ chmod a-r test/
$ ls -ld test/
d-w--w----. 2 microlinux microlinux 54 Sep  6 09:25 test/

InfoJe me permets de vous signaler au passage qu’il est assez peu usuel de garder un droit d’écriture sans avoir le droit de lecture. Dans la réalité quotidienne, nous aurions plutôt quelque chose du genre chmod a-rwx test ou chmod 000 test.

Essayons d’afficher le contenu de ce répertoire :

$ ls -l test/
ls: cannot open directory test/: Permission denied

Que se passe-t-il maintenant si je restitue à l’utilisateur les droits de lecture et d’exécution, mais pas ceux d’écriture ?

$ chmod u+rx test/
$ ls -ld test/
drwx-w----. 2 microlinux microlinux 54 Sep  6 09:25 test/

Essayez d’effectuer les manipulations suivantes :

  • afficher le contenu du répertoire avec ls -l
  • changer de répertoire courant avec cd
  • afficher le contenu des fichiers (vides, mais ce n’est pas grave) avec cat
  • renommer un fichier avec mv
  • créer un fichier fichier4 avec touch

Nous pouvons conclure de cette dernière expérience que le minimum syndical en permissions pour travailler sans entraves dans un répertoire est le suivant :

$ chmod u+rwx test/

Respectivement :

$ chmod 700 test/

Soit :

$ ls -ld test/
drwx------. 2 microlinux microlinux 54 Sep  6 09:25 test/

Changer le propriétaire et le groupe d’un fichier

Le propriétaire et le groupe d’un fichier sont-ils immuables ? A priori, vous vous dites que non. Vous commencez à comprendre que Linux est un système extrêmement flexible et cela vous étonnerait qu’il y ait des choses que l’on ne puisse pas changer. La réponse est : oui, mais pas n’importe comment. Et surtout, pas n’importe qui.

Prenons un exemple pour illustrer la chose. En tant que root, copiez n’importe quel fichier du système dans votre répertoire utilisateur :

# cp -v /etc/yum.conf /home/microlinux/
'/etc/yum.conf' -> '/home/microlinux/yum.conf'

Redevenez un utilisateur normal (exit, logout ou Ctrl+D) : assurez-vous de vous retrouver dans votre répertoire d’utilisateur (cd sans arguments le cas échéant) et regardez de près ce nouveau fichier :

$ ls -l yum.conf
-rw-r--r--. 1 root root 108 Sep  6 09:35 yum.conf

Il se trouve dans votre répertoire, mais il appartient à l’utilisateur root et au groupe root. Essayons de changer cela avec une commande spécialement conçue pour ce genre d’opération : chown (change owner, changer de propriétaire) :

$ man chown
...
NAME
  chown - change file owner and group
...

Après un coup d’œil sur la syntaxe de la commande, je me lance :

$ chown microlinux:microlinux yum.conf
chown: changing ownership of 'yum.conf': Operation not permitted

Apparemment, le système se rebiffe. Je vais donc essayer autre chose : redevenir root et attribuer ce fichier /home/microlinux/yum.conf à l’utilisateur microlinux et au groupe microlinux :

$ su -
Password: ********
# chown microlinux:microlinux /home/microlinux/yum.conf

Je redeviens l’utilisateur commun des mortels que j’étais avant et je vérifie :

# exit
logout
$ ls -l yum.conf
-rw-r--r--. 1 microlinux microlinux 108 Sep  6 09:35 yum.conf

Vous rappelez-vous la commande sudo décrite à la fin de la précédente leçon ? Elle nous aurait permis d’opérer le changement de propriétaire en une seule commande :

$ sudo chown microlinux:microlinux yum.conf

Pas de cadeaux !

Cette fois-ci, l’opération s’est déroulée comme prévu. Le fichier m’appartient désormais et je suis tellement content… que je décide d’en faire cadeau à un autre utilisateur présent sur le système, par exemple à lyacoub :

$ whoami
microlinux
$ chown lyacoub:lyacoub yum.conf 
chown: changing ownership of 'yum.conf': Operation not permitted

Je constate alors avec consternation que Linux est un système pour utilisateurs radins : on ne peut même pas faire cadeau de ses fichiers à un autre utilisateur.

Essayons de tirer une conclusion de tout cela :

  • Un utilisateur normal ne peut pas s’attribuer des fichiers qui appartiennent à quelqu’un d’autre.
  • Il ne peut pas non plus attribuer ses propres fichiers à d’autres utilisateurs sur le système.
  • L’administrateur root peut attribuer des fichiers à tous les utilisateurs, à sa guise.
  • Il peut aussi, inversement, s’attribuer des fichiers appartenant aux autres utilisateurs.

 

Lire la suite : Les outils de recherche


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